Si, en tant que parents, vous êtes concerné par une addiction, essayez de vous en libérer pour vos enfants si vous ne le faites pas pour vous. Tentez au moins d’en prendre conscience, de vous faire aider.

Je suis par exemple très addict à mon portable, au cas où il y aurait une urgence pour un patient (cela arrive de temps à autre). Je dois toujours avoir mon portable à côté de moi, je dois toujours pouvoir avoir accès à mes mails… Je me suis rendu compte que, même quand j’étais avec mes enfants, il pouvait y avoir des moments où je sortais de la maison parce qu’un patient m’appelait et que j’estimais que c’était urgent. Même si ce n’était que pour quelques minutes. Et parfois il m’arrivait d’interrompre une activité avec mes enfants.

C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire (Un comble pour une psychologue!)

En effet j’ai réalisé que le message que je leur envoyais était « Je vous adore mais il y a quelque chose de plus important que vous. Je fais des choses qui, finalement, sont plus importantes que vous ». Si je ne sortais pas de la maison, il m’était impossible d’avoir une conversation même très courte au téléphone. Car c’était précisément à ce moment-là que mes filles se mettaient à pleurer, à crier, à se disputer, etc, pour justement attirer mon attention.

J’ai réalisé que, dans ces moments où je laissais de côté ce que j’étais en train de faire avec mes enfants pour un coup de fil d’ordre professionnel, je créais chez elles une véritable frustration. Et, à la longue, cette frustration va jusqu’à créer une faille dans leur estime de soi. Elles pouvaient se dire en effet « Nous sommes importantes mais les patients de maman le sont encore davantage ». Et c’est terrible car ma famille reste ma priorité, même si mon travail est une passion pour moi.

Si mes enfants avaient de gros soucis, j’arrêterais mon travail pour me consacrer à elles, à temps plein. Je suis très heureuse de pouvoir aider des gens mais ma famille, mes enfants, seront toujours ma priorité. C’est important de se rappeler quelles sont nos priorités. Dans mon cas, mes patients sont importants, mais pas au point de m’obliger à être sans cesse connectée à mon portable ! Si je ne suis pas disponible, mon patient sait qu’il peut appeler les urgences, les pompiers…

C’est ainsi que j’en suis venue à me dire que, lorsque je consacre un moment à mes enfants, si mon téléphone sonne cela n’a pas d’importance. Le message que j’envoie alors à mes enfants est « Vous êtes ma priorité, je vous aime, je veux passer du temps avec vous. J’aime beaucoup mon travail mais je sais de temps en temps vous placer en priorité absolue. »

Si je vous dis tout cela, c’est parce que l’enfant a besoin d’être rassuré, de savoir qu’il passe avant beaucoup de choses. Cela ne signifie pas que l’enfant doit être roi, passer avant toute autre chose. Cela veut dire que l’enfant a besoin qu’on lui consacre de vrais moments, et pas simplement dix minutes. De vrais créneaux durant lesquels il sait que l’on est là pour lui. Ces messages forgent son estime de soi, car il peut se dire « J’ai une vraie valeur, qui fait que dans ces moments que mes parents ou maman me consacre, j’ai plus de valeur que toute autre chose ».