Il n’y a pas d’amour sans un risque de souffrance, ni même sans souffrance. En effet, plus on avance dans la vie, plus on grandit, plus on fait d’expériences, plus on se rapproche aussi de la mort. Bien évidemment, on n’y pense pas tous les jours. Mais cela fait partie de la vie et est même intimement lié à la vie : par le fait même que l’on vive, on est attaché à la mort. Cela n’a rien de morbide. C’est simplement le fait de savoir que pour vivre, il faut prendre le risque de souffrir.
Souffrir nous fait peur – Aimer est un risque
Non seulement souffrir mais aussi avoir peur, aller vers l’inconnu. Si on veut éviter de souffrir et de se confronter à l’inconnu, on reste replié chez soi, on ne voit personne, on n’accepte rien, on n’évolue pas. Ce qui équivaut à ne pas s’autoriser à vivre. La vie, c’est se diriger vers un nouveau travail, s’engager, avoir des enfants, toutes choses qui impliquent de prendre le risque de souffrir. La personne peut nous blesser, de même que nos enfants ou notre conjoint peuvent le faire. Il se peut aussi que notre nouveau travail soit difficile et amène une forme de souffrance. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas d’amour ni de joie. Il est important de le comprendre, car si l’on ne veut pas prendre le risque de souffrir, on ne peut pas aimer. On ne peut pas continuer à avancer. Il est donc essentiel de savoir trouver le juste équilibre entre la souffrance que l’on est prêt à accepter pour parvenir à vivre vraiment – à vivre l’amour aussi – et celle que l’on ne peut accepter parce qu’elle est trop dure à supporter.
Je connais des personnes qui limitent au maximum leurs relations sociales, se replient sur elles-mêmes, parce qu’elles ont peur de souffrir. La relation sociale représente bien une forme de « pas dans le vide », mais si on s’en coupe, on se coupe de la vie.
S’il n’y a pas d’amour, il n’y a pas de souffrance, juste de l’indifférence
Pour vivre vraiment, il faut accepter d’aimer, et donc de souffrir aussi. Cependant il est très important de différencier une souffrance normale d’une souffrance destructrice.
Ainsi il faut éviter d’aller vers une forme de souffrance connue. Je rencontre parfois des personnes qui, n’ayant connu que la souffrance, avec des humiliations et autres, n’ayant eu que des exemples de couples qui se faisaient du mal, ont l’impression que, pour aimer, il faut souffrir. Ils ont développé une croyance qui associe l’amour à la souffrance, du type j’aime quand je fais souffrir ou j’aime quand je souffre. Cela renvoie aux relations du type persécuteur/sauveur, et l’on sait que ce n’est pas très sain. Le but n’est donc évidemment pas de rechercher la souffrance, mais de rechercher l’amour et d’accepter la souffrance qui peut lui être liée.
Qu’est-ce que la « bonne » souffrance ?
C’est quelque chose qui nous invite à nous dépasser, à grandir, à évoluer, parfois à changer. Mais ce n’est certainement pas une souffrance qui m’incite à me positionner en tant que sauveur ou victime. Certaines personnes ont un fonctionnement qui les place toujours dans l’une de ces trois positions, ce qui les amène à faire jouer l’un des deux autres rôles (ou les deux autres) à leurs relations. Ce ne sont pas des relations d’égal à égal, mais des relations de dépendance. Si vous avez la sensation d’être tout le temps Victime par rapport à votre conjoint, c’est une souffrance qui ne vous fait que du mal, qui est « mauvaise ». Ceci est valable également si vous avez l’impression d’être toujours le Persécuteur (celui/celle qui est la mauvaise personne) ou le Sauveur. Ce sont des souffrances qui vous rongent de l’intérieur et peuvent finir par vous détruire.
Il est donc important de ne pas choisir ce type de souffrance, avec toute la difficulté que cela peut comporter, car c’est souvent notre inconscient qui nous place dans tel ou tel type de souffrance. Néanmoins, décider de ne pas se laisser dériver vers ce genre de souffrance est déjà un premier pas essentiel.
Vous êtes capable de supporter cette souffrance
Le second point consiste à se dire que l’on est capable de supporter cette souffrance, car elle nous aide à rester en adéquation avec nos valeurs, à être ce que nous sommes, voire à nous aider à être encore plus en accord avec nos valeurs. Prenons l’exemple des enfants. Cela demande de faire des sacrifices (grasse matinées et autres) mais on accepte de les faire car on sait que c’est pour leur bien, que l’on construit quelque chose qui permettra d’avoir, plus tard, une famille heureuse et joyeuse. Dans ce cas, j’accepte cette souffrance parce qu’elle est en accord avec mes valeurs, comme par exemple je souhaite que mes enfants grandissent bien. Mais il ne faut pas que ce soit un sacrifice de soi. Les mères qui sont en burn out maternel vont au-delà de leurs valeurs, se détruisent elles-mêmes pour tout donner à leurs enfants. Ce n’est pas une bonne chose car au bout d’un moment elles n’ont plus rien à donner du tout. Il convient donc de trouver le juste équilibre entre une souffrance que l’on est prêt à accepter parce qu’on en a les ressources, qu’on se sent suffisamment bien pour l’assumer, et celle qui nous consume. Par exemple sacrifier une soirée, même si cela nous coûte un peu, mais parce qu’on pense que c’est la bonne chose à faire à ce moment-là, et se morfondre tous les soirs en regrettant que ce soit « toujours les autres qui sortent ». Dans ce second cas on est dans la souffrance destructrice.
Je vous invite à réfléchir sur votre rapport à la souffrance et à l’amour : êtes-vous dans une situation qui vous a incité à prendre le risque d’aimer, et la souffrance que vous avez acceptée de ce fait vous semble-t-elle juste et propice à votre évolution ? Ou avez-vous au contraire la sensation que la souffrance prend le dessus et détruit votre amour ? C’est là qu’il faut faire attention…
Moi la vie ne m’intéresse pas, donc j’essaie de survivre. Je ne vis que parce que j’existe. J’attends rien de la vie que ça soit en souffrance ou en joie. Je me fiche royalement d’évoluer via des expériences. Je suis sur Terre et je n’ai rien demandé.
Je suis assez d’accord avec le fait qu’aimer s’apparente souvent à souffrir.
Cependant l’Amour apporte aussi le bonheur, je pense qu’il faut trouver le juste milieu entre le bonheur qui nous est donné et la souffrance inhérente à ce bonheur. Il faut un grand bonheur pour occulter les petites souffrances.
J’ai 41 ans, je n’ai jamais eu de relations amoureuses sérieuses, je fuis tout engagement, je n’ai pas d’enfants. Oui je refuse la souffrance, je ne l’accepte pas, car ce sentiment pour moi n’est pas une logique à la vie. Etre déçue oui, être en colère oui, être énervée oui, toutes les autres émotions que l’ont ressent, je les conçois, mais pas cette saleté de souffrance. Pourquoi ne peut-on pas évoluer sans souffrir? Avec toutes les autres émotions, c’est possible, cela apporte tout autant une expérience de vie. Non, la souffrance a été crée pour détruire, se détruire. Personne de sort indemne de cela, à chaque souffrance une partie de notre être s’éteint. Les pertes m’anéantissent petit à petit, alors non je n’en veux plus. Je n’ai quasiment plus de relation sociale, juste au travail, et je ne veux plus travailler, mes amis s’éloignent, je les éloignent de moi, je refuse l’amour quel qu’il soit, mon projet: m’éloigner de ma famille, d’espacer les contacts, que s’il se passe un jour quelque chose, ma peine soit moins dure, oui je fuis la souffrance, je la hais. Comme je me dis souvent, je ne vis pas, je survis, je veux attendre patiemment dans mon coin, mon heure de partir. Si c’est ça la vie sur terre, je n’en veux pas! Je préfère ne plus revenir! Plus de 25 ans de thérapie et toujours la même façon de penser sur cette émotion parasite de la vie!!!
Peut être mon commentaire résonnera chez certain(e)s.
A 53 ans je fais l’expérience de l’amour parfait. Après deux mariages ratés (un de 2 ans et un de 24 ans) j’ai rencontré la femme de ma vie. Quand je parle de mariages ratés je parle forcément de mariages dans lesquels je ne me suis pas épanoui, dans lesquels mes épouse ne sont pas épanouies non plus. Je parle aussi de mariage qui se sont finalement arrêtés. Je ne dis pas que j’ai été malheureux mais très vite je n’ai pas été heureux.
L’histoire et les circonstances de ma rencontre avec cette femme importent peu je pense dans ce commentaire.
Je vis depuis plus d’un an une relation parfaite. Qu’est-ce qu’une relation parfaite pour moi ? C’est être avec une femme qui m’accepte coeur, corps et esprit. Une femme qui m’aime tel que je suis et qui n’attend aucun changement de ma part. C’est vivre une relation qui nous comble elle et moi à tous les niveaux: communication, partages, sexualités. C’est être avec quelqu’un qui me donne en permanence une multitude de preuves d’amour grandes ou petites, et à qui je donne de multiple preuves d’amour grandes ou petites. C’est vivre dans une totale complicité qui permet tout ensemble.
Et pourtant je souffre; pas de son fait, non, mais je sens cette souffrance en moi sans vraiment comprendre pourquoi elle est là. Rien dans l’attitude de ma compagne ne peut me faire croire qu’elle m’aime moins ou que je pourrais être en danger… mais je souffre. Comment peut on souffrir quand on est aussi bien avec quelqu’un ? Cela devrait être interdit ! Je suis très souvent inquiet, j’ai très souvent peur de la perdre… peur d’être maladroit avec elle.
J’ai un problème de souvenirs et ai beaucoup de mal à me rappeler comment cela se passait avec mes précédentes compagnes, mais mon corps sait que ce que je vis est unique. Je n’ai jamais ressenti autant de désir pour une femme et surtout pas de manière aussi permanente. Je n’ai jamais ressenti cette envie systématique de la prendre dans mes bras et de la serrer, de le caresser et de l’embrasser. Quand je la regarde je suis ému, bouleverser… je me dis que j’ai une chance incroyable. Et ce qui est beau, c’est qu’elle fait et se dit la même chose.
Alors quoi ? Pourquoi cette souffrance ? Dans mes heures sombres je me dis que je ne suis pas assez fort pour vivre cet amour et que ce serait plus simple pour moi d’être seul. Mais je sais pertinemment que je ne peux pas être dans elle dans ma vie. Nous ne vivons pas ensemble et n’avons pas le projet de le faire. Nous vivons ensemble chez l’un ou chez l’autre une semaine sur deux et partons une partie des vacances ensemble. Et il est vrai que quand nous ne sommes pas ensemble je suis souvent envahi par ces idées noires.
Je ne me sens pas foncièrement jaloux. Bien sûr je n’aime pas imaginer que d’autres hommes puissent tourner autour. Mais je sais que si elle me plait elle plait nécessairement à d’autres. Et puis cela fait partie de la vie. Je vois bien parfois le regard de certaines femmes sur moi, et je me doute que je puisse plaire. Elle a des amis hommes et femmes; c’est un peu plus difficile pour moi qu’elle puisse entretenir une relation amicale avec un autre homme; mais je l’accepte parce-que c’est sont droit.
J’ai peur que son amour pour moi puisse changer, se tarir… j’ai peur qu’elle puisse se lasser de moi bien alors que tout est parfait entre nous. Nous ne nous disputons pratiquement jamais grâce à notre communication.
Jamais je n’ai été aimé comme elle m’aime et jamais elle n’a été aimé comme je l’aime…
Alors je ne comprends pas pourquoi je souffre… est-ce le prix à payer pour vivre un amour parfait ? Cette souffrance s’atténuera-t-elle avec le temps ? Et si elle s’atténue cela pourrait il vouloir dire que je l’aime moins ?
Oui, je confirme que l’amour peut faire souffrir et je confirme que s’en ouvrir à l’autre est probablement la pire des erreurs. Elle n’y peut rien et cela pourrait lui faire peur.
J’espère trouver la clé et résoudre cette souffrance pour vivre sereinement cette grand histoire d’amour et la faire durer.
Comme je suis d’accord avec votre avant dernière phrase ! Même si on a décidé de tout se dire, eh bien, il y a des choses que l’on ne peut pas partager sous peine de paraitre négatif ou jamais content.
J’espère que votre relation dure toujours !
Vous avez raison. Nous pouvons évoquer nos souffrances pasée. Mais rester silencieux sur nos souffrances actuelles. Il vaut mieux alors pouvoir en parler avec un ou une amie. Un psy. Ces souffrances étant le plus souvent des rejurgences du passé et de l’enfance et ne concernent pas vraiment la relation que nous vivons. Si l’amour importe beaucoup pour nous. il est même préférable d’avoir deux lieux de vie sëparé car alors le désir se perpétue et même augmente à chaque rencontre. Vous me direz. mais c’est la quadrature du cercle. Quand il y a des enfants. la vie en commun est basique Quoique. L’idéal c’est comme Michèle Morgan et son mari. Chacun son appartement dans la même maison. Ou comme moi.à quatre maisons de distance. N’oublions pas que le désir s’alimente des temps mots. Lire Femmes qui dansent avec les loups. Inspiré et expir.
Je vis exactement ce que vous vivez. Ayant perdu (cancer) mon grand amour en 1983. Voilà qu’à 68 ans je revis ce grand amour. Impossible alors de ne pas associer amour et perte ou mort. Il n’est pas tout â fait disponible. Vivant avec une femme plus âgée et malade. qu’on ne peut abandonnerLa psychanalyse Jacqueline Schaeffer parle très bien de ce lien dans son livre: comment la féminin vient au femme. La masochisme et la souffrance en sont. Un élément fondamental. Mais qu’est-ce que que l’on se sent vivre entre la nuit noire de l’âme.. Merci pour votre témoignage