C’est très important de faire comprendre à nos enfants le lien entre amour et souffrance. Dès leur plus jeune âge, les enfants font face à la souffrance. Par exemple l’enfant a beau être heureux avec ses parents, si ces derniers lui refusent un gâteau de plus, il fait l’expérience de la souffrance. Parce que, justement, ses parents l’aiment et n’acceptent pas tous ses caprices, de manière à faciliter sa vie d’adulte, notamment dans ses relations sociales.

La souffrance que nos enfants sont capables de supporter (ou pas)

Enseigner à nos enfants la souffrance qu’ils sont capables de supporter est capital. Prenons un exemple : votre enfant est dans un établissement d’excellence et peine à ramener de bonnes notes malgré une somme de travail colossale, tant le niveau d’exigence est élevé. Ceci crée chez lui de la souffrance. Il faut alors être capable de se demander si votre enfant est capable de la supporter. Car, comme nous l’avons vu, on ne peut vivre la souffrance que si on est capable de la supporter. Si cela devient destructeur, c’est une souffrance que l’on n’est pas appelé à vivre, qui est inutile.

Bien entendu, il faut savoir faire le distinguo entre souffrance et souffrance. Si vous êtes confronté à un deuil, la souffrance va être présente et destructrice pendant quelques jours, semaines, mois : il faut le temps de se relever. Mais si la souffrance s’installe trop, devient de plus en plus dure, les signaux d’alerte doivent retentir.

En tant que parents, nous devons donc discerner la souffrance que nos enfants sont capables de supporter et celle qu’ils ne peuvent pas vivre, et du coup ne sont pas appelés à vivre.

Apprendre à dépasser la souffrance

Nous devons également leur apprendre à dépasser la souffrance et à en voir l’aspect positif. Je prends pour exemple une adolescente subissant de grandes douleurs au ventre, exactement comme si elle avait une gastro-entérite tous les jours, alors que tous les tests physiologiques pratiqués ne décèlent rien. Il semble donc qu’il s’agisse d’un symptôme psychosomatique. Or, quand un tel symptôme s’installe, c’est qu’il y a quelque chose de très profond derrière. Dans ce cas de figure, sachant qu’il faudra du temps avant de trouver la cause de ces douleurs, j’essaye de l’aider à vivre cette souffrance et de lui montrer à quel point elle a pu la transformer, de manière positive. La jeune fille dont je vous parle est incroyable, très altruiste, très raisonnable : elle s’occupe de personnes âgées au lieu d’aller faire du shopping avec ses copines, par exemple. Et je lui dis qu’elle n’aurait probablement pas été ainsi si elle n’avait pas été malade. Il faut donc essayer de trouver un sens à la souffrance. Même si de temps en temps on a l’impression qu’il n’y en a pas, on peut essayer de trouver le positif et de chercher ce qu’elle a pu nous apporter de bien : on parvient ainsi à donner un sens à la souffrance.

Nous sommes pour nos enfants des éclaireurs. Nous pouvons par exemple leur indiquer que telle amitié n’est pas judicieuse parce que l’enfant en question ne « tire pas vers le haut » le nôtre, le fait souffrir, l’humilie. Lui dire que ce n’est pas un bon ami et qu’il mérite mieux, même si ce n’est jamais parfait (instants d’énervement ou autres, qui valent la peine parce que la relation continue à apporter beaucoup de bien derrière). Essayer d’être un repère pour nos enfants consiste à leur montrer quelles souffrances valent la peine et quelles autres sont préjudiciables. Ils doivent pouvoir nous questionner et nous devons les orienter pour qu’ils sachent si la souffrance est vivable ou non.