« A chaque fois que Cédric va voir son père, il se plaint de douleurs abdominales et il finit souvent par vomir. Au début je lui disais de partir quand même pour le week-end chez son père, mais maintenant c’est vrai que j’ai tendance à le garder à la maison… Je n’arrive pas à savoir si c’est parce que ça ne se passe pas bien avec son père, Cédric est incapable de me dire pourquoi il réagit comme ça ! Pourtant j’ai quand même confiance en son père mais c’est vrai que je ne vis plus avec lui donc peut-être a-t-il changé… Je ne sais plus quoi faire ! »

                Il est courant, particulièrement chez les enfants, que le corps se mette à exprimer ce que les mots ne peuvent dire. C’est ce que l’on appelle les symptômes psychosomatiques. Dans les cas de divorces, l’enfant se retrouve souvent à ne voir un de ses parents, souvent son père, que rarement. Ainsi, il se peut qu’il se sente tellement ému à l’idée de le revoir que, pour exprimer cette émotion, il ait besoin de vider son estomac. Cela ne veut pas dire que ça ne se passe pas bien avec son père et qu’il appréhende d’aller chez lui, comme pourrait légitimement le penser l’entourage face à ce symptôme. Simplement, l’émotion est telle qu’il n’arrive pas à la digérer et encore moins à poser des mots dessus.

                Le rôle alors des professionnels au contact de ces situations, particulièrement les médecins généralistes amenés à faire des certificats médicaux à ces enfants, est de tenter de ne pas rentrer dans ce jeu mais de prendre de la distance en proposant les mots qui manquent. Ils deviennent des médiateurs pour l’enfant. Il suffit à ce dernier d’entendre les mots qu’il n’arrive pas à dire pour se sentir soulager, alors que le certificat ne fera que confirmer que personne ne le comprend !

                Ceci rappelle exactement la façon dont agissent les parents avec leur nouveau-né. Ils accompagnent chacun des cris et des pleurs par une explication telle que : « Tu as faim, tu as soif, tu veux dormir… » Ces élaborations permettent à la scène psychique du bébé de se former et ainsi, plus tard, à négocier les émotions au niveau psychique sans passer systématiquement par les gestes.

                N’ayez pas peur de verbaliser, l’enfant vous montrera de lui-même si vous posez les bons mots et vous ne pouvez pas lui faire de mal si votre intention est bienveillante !