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Transcription de la vidéo :
Alors aujourd’hui, je voulais qu’on parle d’un sujet tellement important, tellement fréquent et tellement redondant dans les couples et
donc tellement épuisant pour les couples qui se retrouvent tout le temps face à ça.
Ce sont ces bombes émotionnelles qu’on ne comprend pas.
On ne sait pas d’où elles viennent, pourquoi elles arrivent à ce moment là.
Et surtout, on estime souvent ces bombes comme ridicules, ayant aucun intérêt.
Typiquement, vous dites quelque chose à votre conjoint, une petite remarque anodine : “Qui a rangé le lave vaisselle comme ça?”
Et là, votre conjoint se met dans un état avec une réaction “Non mais ça va. Il faut toujours que tu fasses des remarques.”
Vous imaginez un petit peu la scène pour un truc anodin.
Et là votre réaction c’est de dire : « mais pourquoi tu te mets dans un état comme ça ? En fait, je ne comprends pas ta réaction. C’est totalement disproportionné par rapport à la situation.
Pourquoi tu réagis comme ça ? Tu devrais réagir autrement »
Et en fait, c’est ça notre bombe émotionnelle
On a tous nos bombes dans nos vies de couple.
Parfois on a tendance à dire : tous les couples se prennent la tête là dessus.
Non, non, non, non.
Chacun, on a nos bombes qui nous appartiennent.
Alors je vais vous expliquer d’où viennent ces bombes, à partir de quand elles se sont formées dans un second point, je vous expliquerai les réactions que l’on peut mettre en place par rapport à nos bombes, les réactions que je mets en place et que mon conjoint ne comprend pas toujours parce qu’il n’a pas compris qu’il y avait une bombe derrière.
Et enfin, le troisième élément, c’est l’autonomie.
Comment j’arrive à, dans le meilleur des cas, désamorcer la bombe pour enfin avoir une réaction adaptée.
Ou comment on fait en couple pour être comme sur un champ de mines.
On essaye de ne pas marcher là où il ne faut pas marcher.
On repère les bombes, on essaye de les contourner, on ne les met pas sous le tapis, on essaye juste de s’adapter avec.
Comment se fait la formation de cette bombe ?
En fait, dans votre cerveau, vous avez un cerveau émotionnel, le cerveau limbique et un cerveau rationnel le cortex frontal.
Entre les deux, vous avez tout le fonctionnement de l’hippocampe qui fait que quand vous vivez un événement, vous le vivez émotionnellement.
L’enfant avant le langage verbal va vivre tout de façon émotionnelle.
Il ne peut pas mettre de mots sur ce qu’il vit.
Plus je grandit, plus ma scène psychique intérieure se construit.
Je suis capable de mettre des mots, de raisonner sur une émotion, de prendre du recul.
Ce qu’on appelle la mentalisation.
Je vois une émotion, je peux mettre des mots dessus, je ressent quelque chose, je sais expliquer pourquoi j’ai vécu ça, pourquoi je ressent ça.
Le problème, c’est que, en fait, quand tout va bien, le cerveau émotionnel et le cerveau rationnel communiquent entre eux.
Quand je vis quelque chose, le cerveau est capable de dire : j’ai été hyper en colère parce qu’on m’a fait une queue de poisson sur la route.
Donc j’assimile ma colère à la queue de poisson.
Il s’avère qu’à ce moment là, l’hippocampe classe cet événement au moment où il y a eu la queue de poisson.
Donc la queue de poisson était le 2 février 1983.
J’ai été hyper énervé, mais ça reste dans ma mémoire.
Ça reste stocké dans la mémoire.
Quand j’ai un événement traumatique,type grosse fragilité dans ma famille, violence, si j’ai vu mes parents se battre, si j’ai eu un parent alcoolique, si j’ai vécu des abus dans mon enfance, si tous toutes ces expériences très douloureuses que l’on dit traumatiques vont faire que le cerveau n’arrivera pas de lui même à relier l’émotion à une signification rationnelle.
Donc vous allez avoir l’événement et l’émotion liée à l’événement qui vont rester vacants dans le cerveau.
C’est à dire que l’hippocampe sera incapable de classer l’événement dans la case : 2 février 1983.
À n’importe quel moment, vous allez être réactivé.
si un petit signal de votre présent vous fait réactiver l’événement qui s’est passé le 2 février 1983.
Typiquement, vos parents viennent tout le temps vous chercher en retard, que ce soit à l’école, à l’anniversaire, à la musique.
Peu importe, il vient tout le temps vous chercher en retard.
Vous vous retrouvez seul sur le trottoir.
Plusieurs fois, vous avez eu peur, même parfois, sans vous en rendre compte, vous êtes sentis abandonnés.
Là, votre parent arrive, vous dit :
Mais pourquoi tu te mets dans un état comme ça ?
C’est bon, j’ai cinq minutes de retard.
C’est pas la peine de te mettre dans un état comme ça.
Voilà, vous voyez bien que ce n’est pas un traumatisme énorme, mais ça reste dans cette espèce de mémoire traumatique qui fait que, à tout moment, 20 ans après, 30 ans après, 50 ans après, si mon conjoint arrive en retard, je peux me mettre dans une colère qui est certes inadaptée, que le conjoint ne comprend pas, qu’on peut estimer comme ridicule.
Sauf qu’en réalité, moi, je n’arrive pas à maîtriser cette réaction parce que le cerveau n’a pas travaillé ça.
Il se dit retard = abandon.
Et qui dit abandon, dit injustice.
Et qui dit injustice, dit colère.
Sauf qu’évidemment, quand vous êtes adultes, ce n’est pas adapté parce que le retard ne signifie pas abandon.
Là où quand vous étiez enfant, vous avez pu, n’étant pas autonome et ne pouvant pas agir de façon autonome, vous avez pu vous sentir abandonné.
Donc le problème, c’est que l’hippocampe n’ayant pas classé ça dans la mémoire, dès que je vois un signal qui me rappelle l’événement passé, je régénère la même réaction.
Ce qui m’amène à mon second point.
Bombes émotionnelles : les réactions automatiques que je mets en place
Le système nerveux autonome, c’est la façon dont vous réagissez aux événements du monde de façon automatique, de façon spontanée.
C’est le système en vous qui va générer aussi vos mécanismes de défense.
Il y a trois façons de réagir aux événements négatifs du monde.
Soit je vais, je réagis avec le combat.
Il y a quelqu’un devant moi qui veut me barrer la route.
Alors je sais très bien que j’ai le droit d’aller là.
J’y vais.
Je suis dans le combat, réaction de combat.
La deuxième réaction, c’est la fuite.
Je m’éloigne, ça, je préfère ne pas y aller
parce que je ne sais pas comment va réagir cette personne en face de moi.
Donc je pars comme ça, je me protège.
La troisième réaction, qui peut devenir pathologique, c’est la sidération.
Je suis gelée, je n’arrive ni à les combattre ni à fuir.
Voilà, ça ce sont les trois réactions que j’ai face aux événements du monde.
Il s’avère que quand dans ma construction, dans l’enfance, dans l’adolescence, j’ai enregistré qu’une certaine réaction pouvait être ce qu’il y avait de mieux.
C’est à dire typiquement, mon parent arrive en retard pour venir me chercher plutôt que de me dire dans ma tête : Bon, c’est pas grave, la prochaine fois, je m’arrange autrement.
Je demande aux parents d’untel de venir me chercher, comme ça je ne serai pas en retard.
Là, ce qui peut être le combat, qui peut être adapté, qui aurait pu être adapté.
La fuite, c’est pas possible parce que je vais aller où ?
Je ne vais pas fuir cette situation, c’est pas possible et donc je me gèle.
Je suis juste en train de pleurer en train d’attendre mes parents et en me disant je suis abandonné, je suis gelé.
Donc quand je suis adulte et que je régénère la même réaction parce que je n’ai pas appris d’autre réaction et qu’en fait je n’ai que celle là dans mon répertoire de réactions, c’est là où ça devient une réaction automatique qui n’est pas adaptée.
Mais je n’arrive pas à faire autrement, si je n’ai pas identifié que c’était ce que je faisais quand j’étais enfant.
Et ça ?
Enfant ou adolescent, C’est vrai que je vous parle beaucoup de l’enfance parce que c’est surtout là où ça s’enregistre.
Mais après, ça peut être adolescent, ça peut être jeune adulte.
Voilà les événements où j’ai enregistré que c’était ma seule issue de secours.
Résultat même 30 ans après, ce sera de nouveau ma seule issue de secours.
Vous voyez typiquement, après le Bataclan, qui a été un vrai traumatisme.
Vous imaginez bien que les personnes d’elles mêmes n’ont pas réussi à se dire c’est bon, c’était hier le Bataclan, demain ça ne va pas recommencer.
Non, en fait, au moindre petit bruit, à la moindre sensation dans le dos, la personne commence à se mettre dans une tension en se disant : c’est peut être une arme derrière moi, alors qu’en fait, vous êtes juste dans le métro. Tout le monde est zen, on vous regarde, il n’y a pas de problème.
Votre seule réaction était de vous geler, de vous mettre en position fœtale.
Qu’est ce qui se passe ? Au milieu du métro, vous vous mettez en position fœtale.
Réaction complètement inadaptée puisque vous n’êtes plus en danger.
Sauf que le cerveau, lui, n’enregistre pas qu’il n’est plus en danger.
Il croit encore que l’action est en cours et en train de se faire.
Ce qui m’amène à mon troisième point qui est l’autonomisation et donc retrouver la liberté dans mes réactions.
Bombes émotionnelles : retrouver ma liberté dans mes réactions
Ce qui est très important, c’est que dans le couple, il faut que vous soyez vigilant à deux choses.
La première, c’est qu’il faut d’abord que moi je comprenne pourquoi j’ai ces réactions là.
Parce que très souvent, quand le conjoint me dit mais c’est complètement inadaptées tes réactions, je comprends pas pourquoi tu réagis comme ça.
C’est disproportionné par rapport à la situation.
Et moi, quand je reçois le couple dans mon cabinet les deux sont d’accord pour me dire on peut vous raconter notre dernière engueulade, mais en fait c’est ridicule.
C’est parti d’un lave vaisselle.
C’est vrai que moi je me suis mise à crier.
Lui, du coup, s’est énervé. Voilà.
Et tous les deux sont quand même d’accord souvent pour dire que c’est ridicule.
Et donc, à ce moment là, il faut absolument qu’on aille identifier ce qui fait que j’ai réagi comme ça.
C’est pas pour rien qu’on réagit comme ça, c’est pas juste pour embêter l’autre, c’est en ça où de dire : C’est ridicule comment tu réagis
Vous ne faites que appuyer sur la bombe et la déclencher en fait et à un moment donné, c’est de dire ok, là je vois que ce que je t’ai dit ça vient toucher un point que je ne comprends pas.
Mais il faut qu’on arrive à comprendre parce que sinon on va se remettre dans des situations comme ça.
Ca c’est l’attitude que je voudrais que vous ayez après avoir regardé cette vidéo.
Donc le premier élément très important, c’est d’identifier pourquoi je réagis comme ça, dans telle situation.
Ça peut être personnel, Ça peut être dans mon enfance, dans mon adolescence, dans ma relation avec mes figures d’attachement dans mes expériences de vie.
Mais ça peut être aussi des évènements traumatiques qu’on a vécu ensemble en couple, donc ça peut être beaucoup plus récent.
Ça peut être des événements qui ont mal été travaillés et qui font que dès que mon conjoint me fait ça, parce qu’il y a dix ans, il s’était mis dans un état pas possible.
J’enregistre que ce sujet est dangereux.
Donc je réagis toujours de la même façon.
Alors qu’en fait, dix ans après, le sujet n’est plus dangereux.
Je n’ai plus à réagir comme ça, mais ça le cerveau n’a pas fait le job.
Donc le premier élément, c’est vraiment que vous arriviez à identifier pourquoi vous êtes aussi sensible.
C’est sensiblement pas le lave vaisselle, c’est que ça vient toucher une zone émotionnelle chez vous qui doit faire appel à un événement dit traumatique ou en tout cas qui a les mêmes répercussions qu’un trauma.
Et le deuxième élément, c’est de pouvoir en discuter en couple, de pouvoir dire : Tu vois, quand tu me dis ça, moi je réagis comme ça parce que c’est la façon dont tu me parles.
Ça me rappelle la façon dont mes parents se parlaient et ça partait toujours dans un conflit pas possible.
Et moi, j’étais hypertendu en tension. Ça peut être ça.
Ça peut être : tu vois, ça me rappelle ce moment où en fait tu m’avais, tu m’avais laissé, tu m’avais laissée complètement toute seule et du coup, à chaque fois que tu parles de ce sujet là, je me dis que ça se trouve, ça va aboutir à la rupture.
Donc je me protège avant même qu’on en discute.
Vous voyez, en fait tout ce qui peut expliquer vos réactions dites disproportionnées.
Et en tant que conjoint, face à des réactions comme ça, il faut absolument que vous intégriez que vous les compreniez et que vous en preniez soin.
Il faut certes laisser l’autre tout faire pour réussir à désamorcer et réussir à calmer ces angoisses là, mais de l’autre, vous, vous ne pouvez pas aller titiller, aller appuyer sur la bombe en disant : Tu vois, tu réagis toujours comme ça.
Non, non, non,
Vous êtes peut être pas responsable de la bombe, mais vous êtes responsable d’avoir appuyé sur la bombe.
Et là, en ayant conscience de ça, en ayant eu ce discours de couple qui va être humble, parce que c’est difficile de dire pourquoi je réagis comme ça, c’est pas facile.
J’ai envie de dire, de se confesser devant son conjoint.
C’est compliqué de parler de nos faiblesses, mais en ayant conscience de ça, je vais faire en sorte de ne pas aller appuyer sur la bombe et de protéger mon conjoint.
Si jamais vous vous sentez qu’il y a des sujets qui sont vraiment à un haut niveau, il y a des techniques.
On peut faire de l’EMDR, on peut en discuter en thérapie de couple, parfois seul, c’est compliqué d’en parler.
Il faut avoir l’aide d’un tiers.
N’hésitez pas, arrêtez de vivre avec ces bombes ou en tout cas avancez, peut être avec ces bombes parce qu’on ne peut pas toutes les désamorcer, mais avancez avec le bon équipement, avec la bonne protection, la bonne combinaison.
Vous voyez, on ne va pas sur un champ miné, comme ça, en short et en débardeur, c’est pas possible.
On a du matériel adapté. Et vous, il faut absolument, en tant que couple, que vous ayez ce matériel.
Voilà donc pour résumer ces fameuses bombes émotionnelles dans le couple.
Vous en êtes tous les deux responsables.
Arrêtez de dire : Ah non, mais ça c’est son problème.
Il faut qu’il le règle. Non, non, on est à deux.
Vous pouvez faire en sorte que ces bombes ne soient pas réactivées dans votre relation, vous pouvez parler des mêmes sujets, mais en les abordant autrement.
Vous verrez qu’on peut tout à fait régler des conflits en évitant de faire exploser la bombe.
Et ça, c’est vraiment ce que je vous encourage à faire.
C’est cette confidence que vous avez à faire en couple.
C’est cette confiance que vous avez à avoir, ce partage émotionnel qui va vous aider vraiment à vous sécuriser dans le couple.
A propos
Je m’appelle Camille Rochet, Je suis psychologue et thérapeute de couple, membre de la Société Française de Thérapie Familiale.
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